Comment motiver les participants à réfléchir/discuter/apprendre/se comporter en matière de bien-être animal ?
Enjeu
- Si certains étudiants, stagiaires se sentent concernés par le bien-être des animaux, d'autres au contraire considèrent le sujet comme inutile, comme une contrainte liée aux droits des animaux, comme une perte de temps, ou comme une connaissance acquise. Les étudiants peuvent également se sentir jugés lorsque le mot "bien-être animal" est introduit en formation. En tant que fils de berger, est-ce que cela signifie que moi ou ma famille sommes accusés de manquer de respect envers l'animal ? "Mon grand-père, et son père avant lui, n'ont pas attendu la législation européenne pour s'occuper des animaux. Et maintenant, ils voudraient nous dire comment faire du bon travail ?" Ces derniers sont alors très réticents à s'informer sur le bien-être des animaux.
Objectif
Pour l'éducateur : créer une motivation des participants à s'impliquer dans une approche pédagogique liée au bien-être des animauxPour l'apprenant : se sentir acteur de son propre apprentissage
Nos propositions
Quelque soit les méthodes pédagogiques susceptibles de favoriser la motivation, celles-ci n'auront un effet réel que si l'éducateur a une posture bienveillante, respectueuse du point de vue de l'apprenant, faisant preuve d'une écoute active, sans jugement, et ayant une position basse sur le contenu. Permettre à l'apprenant de donner son point de vue, l'accueillir dans son point de vue n'est pas courant. Cela peut être une agréable surprise pour lui. Il est alors important d’être clair sur les objectifs de la formation : il ne s'agit pas de transmettre un message sur les soi-disantes bonnes pratiques associées au bien-être des animaux, mais plutôt de leur permettre de réfléchir à la manière de prendre en compte le bien-être des animaux pour leur propre confort au travail et d'imaginer d'autres possibilités qui leur sembleraient intéressantes.Il nous semble judicieux dans un premier temps de permettre l'expression des attentes, des intérêts, des freins, des craintes et éventuellement de la colère des apprenants. Il est préférable que les sentiments négatifs puissent être exprimés au lieu de les garder pour soi. Ceux-ci peuvent alors être accueillis, et la personne sera d’autant plus en capacité de requestionner sa propre posture. L'éducateur sera d'autant plus à même de rebondir que les apprenants ont pu exprimer leurs représentations de la formation elle-même.
Éclairer et faire exprimer la conception du bien-être des animaux des participants peut être un premier pas pour stimuler la motivation. Mais on observe que la motivation augmente surtout lorsque l'on suscite une discussion entre les apprenants. Les éléments déclencheurs pour permettre la discussion peuvent être : (1) des phrases confuses ou stéréotypées, (2) une ou plusieurs pratiques agricoles controversées, marginales, ou une diversité de pratiques autour d'un même sujet (écornage et plus généralement pratiques invasives, ...) comme proposé sur la plateforme Anicare suggérant des pratiques courantes et marginales, (3) un dilemme que vous avez observé chez vos étudiants, (4) un résultat inattendu.
Proposer une situation-problème, effectuer une visite dans une ferme, sont également d'excellents moyens de motiver les apprenants. Il s'agit seulement de choisir des situations-problèmes accessibles, adaptés au groupe, qui correspondent aux connaissances qu'ils ont déjà. Si Anicare propose de nombreux films sur les pratiques des éleveurs, il est possible de demander aux apprenants d'élaborer leurs propres films, par exemple dans les fermes où ils sont impliqués en tant que stagiaires.
Quelle que soit l'approche proposée, notre objectif est de créer un conflit cognitif et socio-cognitif qui déstabilisent les représentations initiales. Il peut alors être judicieux de faire se rencontrer et échanger des publics ayant des opinions et des valeurs différentes sur la question du bien-être animal.
Nos outils
Un Q-sort entraîne généralement un conflit de valeurs et de connaissances sur le bien-être des animaux au sein du groupe de participants et amène les gens à se poser des questions qu’ils n’avaient pas à l’origine.Si Anicare propose plusieurs films de pratiques professionnelles d’éleveurs, nous considérons qu'il est également intéressant de demander aux étudiants de venir avec des films réalisés par eux-mêmes dans des fermes qu'ils connaissent. Susciter des échanges entre les étudiants sur la prise en compte du bien-être des animaux par les agriculteurs permet d’éviter une confrontation plus directe. Il permet de décaler le regard. Mais il peut aussi être plus stratégique d'éviter de parler du bien-être des animaux si les apprenants sont trop réticents. Décrire les pratiques, et analyser les raisons qui les motivent peut permettre d'éclairer la prise en compte de l'animal qui émergera des apprenants eux-même. Quoi qu’il en soit, le but n'est pas de juger l'éleveur mais de clarifier sa raison d'être,de faire. Respecter l'agriculteur, sa logique est un impératif.
La méthode CLIM a l'intérêt principal de donner des rôles à chaque participant, donc de distribuer des responsabilités et d'introduire les apprenants à la situation-problème.
La participation à un défi peut également être une source de motivation, comme par exemple la création d'un film sur le bien-être des animaux avec un prix à la clé.