Identifier les principaux obstacles liés au bien-être des animaux afin de définir les objectifs pédagogiques


Enjeu

Le bien-être animal est un concept difficile à traiter car associé à des controverses scientifiques, politiques et éthiques qui rendent son enseignement délicat. Les conceptions des apprenants sur le bien-être animal sont parfois naïves, ou témoignent de formes de résistance voire de rejet associé à des considérations économiques, politiques, éthiques. Elles sont alors révélateurs d'obstacles à surmonter et qui vont fonder la stratégie pédagogique à mettre en œuvre. Mais il n'est pas toujours facile de trouver une réponse aux obstacles identifiés. Nous proposons d'en anticiper certains, tout du moins les plus couramment observés.

Objectif

Pour l'éducateur : définir une stratégie pédagogique en fonction des principaux obstacles à surmonter

Pour l'apprenant : se sentir impliqué dans une stratégie pédagogique basée sur ses propres obstacles

Quels sont les obstacles à surmonter ?


Si les obstacles sont spécifiques au groupe en apprentissage, on peut généralement observer ceux qui suivent :

Elle est souvent considérée comme un obstacle majeur à la prise en compte du bien-être des animaux. Il est vrai que les animaux n'ont pas toujours le même mode d'expression, ce qui génère parfois de véritables malentendus, mais ce n'est pas le seul obstacle à prendre en compte.
image Pyramid_3level_broad_view1.jpg (97.6kB)

L'apprenant, surtout lorsque l'estime de soi est faible, peut facilement se soumettre aux dogmes, doxa, règles proposées ou imposées par le monde professionnel, ou du moins par un certain type de monde professionnel dans le domaine de la production animale. Si l'apprenant est issu d'une famille d'éleveurs, il peut connaître un réel conflit de loyauté dans l'apprentissage de pratiques d'élevage qui, même si elles sont plus respectueuses de l'animal, sont opposées à celles mises en œuvre dans l'exploitation familiale.
La relation entre le professeur et l'élève peut également révélée une relation de domination et de soumission, qui est malheureusement trop souvent normalisée dans le contexte scolaire. Les élèves peuvent alors considérer qu'ils doivent suivre les pratiques professionnelles proposées par l'enseignant, d'autant plus que celui-ci n'offre aucun espace de réflexion critique.

Chez les éleveurs stagiaires tout particulièrement, l'établissement d'une relation avec l'animal qui soit bénéfique à la prise en compte du bien-être de l'animal est généralement considéré comme une perte de temps. Le temps gagné dans l'avenir (associé à une relation de travail plus aisée avec les animaux), même s'il est perdu dans le présent (le dressage d'un animal prend nécessairement beaucoup de temps), n'est pas toujours bien accueilli. Les habitudes adoptées dans les pratiques d'élevage sont difficiles à remettre en cause.
Si la relation à l'animal peut conduire à l'attachement, celui-ci peut être vécu comme une limitation au métier d'éleveur, et tout particulièrement à l'acceptation de la mort de l'animal.

La crainte de la relation avec l'animal ne signifie pas que l'apprenant s'en désintéresse. Celui-ci peut exprimer une réelle préoccupation pour l'animal même si il peut lui être difficile d'exprimer ses émotions. Il peut craindre le ridicule, d'être jugé comme un mauvais professionnel. Les émotions sont pourtant très présentes chez l'apprenant lorsqu'il s'agit, par exemple, d'apprendre à écorcher ou à castrer un animal, à donner la mort dans des situations d'urgence ou lorsque la mort est donnée à la ferme.

En fonction de ces obstacles, quels objectifs pourraient être assignés à la formation des éleveurs ?


Le but est d'éviter toute approche dogmatique du bien-être animal ou de bonnes pratiques d'élevage, mais au contraire de permettre à l'individu de développer une pensée critique, créative et attentive (à l'égard de soi, de l'animal et des humains). En d'autres termes, il s'agit de permettre à l'individu de réfléchir au bien-être des animaux tout en tenant compte du contexte et de ses propres besoins, désirs et contraintes.
Des contributions à l'éthologie animale seront proposées et d'en considérer les applications concrètes dans le travail avec l'animal.
Il sera offert à l'apprenant la possibilité d'exprimer ses valeurs, son éthique et ses émotions avec confiance dans le cadre de confrontations constructives.