Comment analyser la pratique professionnelle d'un éleveur


L'analyse des pratiques des professionnels peut être un excellent déclencheur pour rechercher des compétences spécifiques et pour développer un esprit critique et créatif en comparant différents styles de pratiques (un style est les ressources spécifiques que l'éleveur va mettre en œuvre pour réaliser une pratique ; chaque éleveur a une approche spécifique pour traire une vache par exemple).
Si l'observation d'une pratique fournit des informations, il est essentiel de demander à la personne qui réalise la pratique les raisons de son choix et de sa décision. Une même pratique peut être réalisée avec des motivations très différentes. Il est donc essentiel de comprendre ce qui motive les choix de la personne afin d'éviter les interprétations et les malentendus.
Mais il n'est pas facile de comprendre le raisonnement de la personne. Si l'on interroge la personne au terme de l'observation de sa pratique, elle est souvent amenée à se justifier, à généraliser sans avoir réellement accès au raisonnement qu'elle a pu tenir. Il est important d'éviter de parler de ce que la personne pense devoir faire, mais plutôt de saisir ce qu'elle a fait concrètement dans une pratique définie, dans un temps et un espace donnés. En d'autres termes, il est important de faire la différence entre la tâche (qui pourrait être une réponse à : ce qui devrait être fait, comment le faire) et l'activité (ce qui est fait réellement, comment le travailleur fait ce qu'il doit faire). L'activité est ce que le travailleur développe lors de l'exécution de la tâche : actions, hypothèses, décisions, comment il gère le temps, sa subjectivité de la conception de la tâche, de l'animal (l'animal peut-il avoir du plaisir, peut-il souffrir ?). L'activité n'est pas seulement ce qui est fait, mais aussi ce qui n'est pas fait, ce que le travailleur essaie de faire sans succès, ce qu'il évite de faire, ce qu'il considère devoir faire et le raisonnement qui soutient l'activité.
Si une activité est productive (le travailleur transforme son environnement) à court terme, elle est aussi constructive (le travailleur se transforme lui-même) à moyen ou long terme.
Plusieurs méthodes d'investigation sont possibles pour recueillir le raisonnement associé à l'activité. Nous proposons celle utilisée pour construire les films d'Anicare, la confrontation avec soi-même (voir figure 1)

figure 1 Élaborer un film de pratique professionnelle d'éleveur
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La première étape consiste à filmer l'éleveur en train de pratiquer, puis dans un deuxième temps à lui montrer le film et à lui demander de le commenter, d'expliquer ce qu'il a fait. L'interviewer peut soutenir l'éleveur, en considérant les différentes dimensions d'une action pour l'aider à s'interroger (figure 2) :
Figure 2 Les satellites de l'action (d'après Vermersch, 1994)

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Ces dimensions doivent être remises en question en fonction des considérations relatives au bien-être des animaux.

L'enquêteur prendra soin de recueillir une explication de l'activité plus qu'une explication.
Par exemple, il évitera de poser la question : pourquoi faites-vous cela ? comment faites-vous cela ?

Le choix des pratiques à filmer est important. Dans l'approche Anicare, nous ne voulons pas éclairer ce qui serait considéré comme une bonne pratique mais avoir un panel suffisamment large pour montrer plusieurs possibilités.
Ces dimensions doivent être remises en question en fonction des considérations relatives au bien-être des animaux.

L'enquêteur prendra soin de recueillir une explication de l'activité plus qu'une explication.
Par exemple, il évitera de poser la question : pourquoi faites-vous cela ? comment faites-vous cela ?

Le choix des pratiques à filmer est important. Dans l'approche Anicare, nous ne voulons pas donner préséance ce qui serait considérée comme une bonne pratique mais avoir un panel suffisamment large pour montrer plusieurs possibilités.